8 MARZO 2019,SU LE FIGARO:
VIDÉOS – Le primat des Gaules a annoncé sa démission lors d’une courte allocution à Lyon ce jeudi à 13 heures. Il a été reconnu coupable de non-dénonciation d’abus sexuel dans son diocèse et condamné à six mois de prison avec sursis un peu plus tôt dans la matinée. Ses avocats ont déjà annoncé leur intention de faire appel.
Séisme dans l’Église de France. Le cardinal Barbarin a annoncé sa démission ce jeudi à 13 heures lors d’une déclaration. «J’ai décidé d’aller voir le Saint-Père pour lui remettre ma démission», a annoncé le prélat depuis la maison diocésaine de Lyon. Cette annonce intervient quelques heures après sa condamnation à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les agressions pédophiles dans son diocèse. En avril 2016, aux débuts de l’affaire, l’archevêque avait déjà proposé sa démission mais celle-ci avait été refusée par le Pape.
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Absent lors du jugement, le cardinal Barbarin a été «déclaré coupable de non-dénonciation de mauvais traitements envers un mineur entre 2014 et 2015», selon les mots de la présidente du tribunal correctionnel de Lyon, Brigitte Verney. L’archevêque de Lyon continue de clamer son innocence, et ses avocats ont d’ores et déjà annoncé leur volonté de faire appel. C’est la troisième fois qu’un évêque est condamné en France pour des faits similaires, après deux autres cas en 2001 et en 2018. Les faits concernent les agressions supposées du père Preynat – il n’a pas encore été jugé – à l’encontre de jeunes scouts dans les années 1980 et 1990. «Je prends acte de la décision du tribunal. Indépendamment de mon sort personnel, je tiens à redire toute ma compassion pour les victimes», a déclaré Mgr Barbarin.
Le jugement pointe la responsabilité du cardinal et ses mauvaises décisions. «Philippe Barbarin a fait le choix en conscience, pour préserver l’institution à laquelle il appartient, de ne pas les transmettre à la justice. […] En voulant éviter le scandale, causé par les faits d’abus sexuels multiples commis par un prêtre, mais sans doute aussi par la mise à jour de décisions bien peu adéquates prises par les évêques qui le précédaient, Philippe Barbarin a préféré prendre le risque d’empêcher la découverte de très nombreuses victimes d’abus sexuels par la justice, et d’interdire l’expression de leur douleur.»
Un procès au cœur de la tempête médiatique qui secoue l’Église catholique
La décision est contestée par la défense du cardinal. «La motivation du tribunal ne me convainc pas, a déclaré son avocat Jean-Félix Luciani. Nous allons donc contester cette décision par toutes les voies de droit utiles». Pour l’avocat, il «était difficile pour le tribunal de résister à une telle pression avec des documentaires, un film… Ça pose de vraies questions sur le respect de la Justice». Mgr Barbarin jure n’avoir appris les faits qu’en 2014, quand une victime se confia à lui: «Je n’ai jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles», déclarait-il en janvier lors du procès.
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Soutenus par l’association de victimes «La Parole libérée», neuf hommes avaient d’abord accusé le père Bernard Preynat d’avoir abusé d’eux avant de porter plainte contre ceux qui selon eux n’ont rien dit des agissements du prêtre. Faute de poursuites, ils ont lancé en 2017 une procédure de citation directe devant le tribunal, qui leur garantissait un procès pour la première fois depuis la révélation de l’affaire fin 2015.
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François Devaux, co-fondateur de «La Parole libérée», démentait à l’AFP tout «acharnement contre la personne» de Mgr Barbarin. Il considérait cependant «important que ce débat ait eu lieu au sein d’un tribunal», puisque «le pape ne prend pas ses responsabilités pour appliquer la tolérance zéro qu’il prône depuis des années» sur les agressions sexuelles dans l’Église.
Le procès du cardinal Barbarin intervient au cœur d’une période marquée par les scandales sexuels au sein de l’Église catholique, et qui a donné lieu à un sommet inédit au Vatican, lors duquel le pape a promis «une lutte à tous les niveaux» contre la pédophilie. Pour Yves Sauvayre, l’un des avocats des parties civiles, «le souffle donné dans cette audience a eu des conséquences». «La responsabilité et la culpabilité du cardinal ont été consacrées par ce jugement. C’est un symbole extraordinaire. Une grande émotion historique».
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http:lefigaro.fr/actualite-france/2019/03/07/01016-20190307ARTFIG00080-le-cardinal-barbarin-condamne-a-six-mois-de-prison-avec-sursis.php
-APPENDICE:VIDEOS
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REAZIONE:SEMPLICEMENTE NEOLIBERALISMO E MATRIARCATO
L’OMBELICO DI CARLA:
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8 MARZO 2019:CARCERE PER BARBERIN,IL GIORNO DOPO
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La condamnation du cardinal Barbarin, une onde de choc dans l’Eglise
Jugé coupable de non-dénonciation d’agressions pédophiles, l’archevêque de Lyon a présenté sa démission au pape, jeudi.
Le Vatican n’a émis aucun commentaire après cette déclaration et devrait persister dans son silence jusqu’à la rencontre annoncée. La Conférence des évêques de France (CEF) s’en tient à la même prudence, dans un communiqué publié jeudi. La démission de Mgr Barbarin de sa fonction d’archevêque (ce qui n’exclut pas qu’il demeure cardinal), « relève de sa conscience personnelle », souligne la CEF. Elle dit désormais attendre l’issue de l’appel interjeté par les avocats du prélat. Le texte se termine cependant par un rappel ferme : « La CEF réaffirme sa volonté de lutter avec détermination contre toutes les agressions sexuelles commises par des clercs sur des mineurs. »
« Heureusement surpris »
Des voix se sont bien sûr élevées pour se réjouir du « tournant historique » pris le 7 mars, comme celle du père Pierre Vignon, auteur, en août 2018, d’une pétition appelant à la démission de Philippe Barbarin, qui avait recueilli plus de 100 000 signatures. « La décision qu’il vient de prendre le met enfin à la hauteur de ce qui se passe », juge le prêtre, destitué en novembre 2018 de sa fonction de juge ecclésiastique à Lyon pour avoir osé lancer son appel. Le pape François « rendra service à l’Eglise et au monde en acceptant la démission du cardinal », ajoute-t-il. Interrogé le 26 août 2018 sur la démarche du père Vignon, le souverain pontife, proche du cardinal, qui a été sa porte d’entrée en France où il ne connaissait quasiment personne, avait louvoyé en insistant surtout sur la présomption d’innocence.
Un autre prêtre, Jean-Luc Souveton, abusé par un religieux à l’adolescence, s’est dit « très heureusement surpris » de la décision du tribunal, auprès de l’AFP. Elle a « apporté la réponse à la question de MgrBarbarin, qui avait demandé durant son procès pourquoi il était poursuivi », ajoute ce religieux stéphanois dont l’agresseur a été condamné en décembre 2018. « Pour les victimes, c’est le signal qu’il ne faut pas désespérer de la justice. Et je suis surpris que le cardinal fasse appel. » A Lyon, en revanche, où le diocèse s’est profondément divisé sur le procès intenté au cardinal, personnage à la fois admiré et controversé, la partition perdure entre champions et détracteurs du prélat.
C’est évidemment parmi les victimes, à l’origine du procès, que la satisfaction est la plus éclatante. « C’est un signal fort qui dit que personne n’est au-dessus des lois, parce que la justice divine n’est pas la même que celle des hommes. Ici, on est sur terre », s’est réjoui François Devaux, fondateur de l’association La Parole libérée. Pierre-Emmanuel Germain-Thill, également membre de l’association, demande au pape d’appliquer « la tolérance zéro » en défroquant le cardinal Barbarin, comme il l’a fait, en février, pour l’ex-cardinal américain Theodore McCarrick, accusé non pas d’avoir couvert des abus sexuels dont il aurait eu connaissance, mais de les avoir commis.
En mars 2016, à Lourdes, Philippe Barbarin avait assuré : « Je veux dire avec la plus grande force que jamais, jamais, jamais je n’ai couvert le moindre acte de pédophilie. » A la stupéfaction générale, il avait ajouté : « La majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits. » C’est de cette phrase inouïe que le réalisateur François Ozon a tiré le titre de son film, Grâce à Dieu, en salle depuis le 20 février, malgré les tentatives des avocats du père Preynat, d’empêcher sa sortie à la date prévue. « A travers le cas du cardinal Barbarin, la non-dénonciation d’actes pédophiles est enfin reconnue comme une véritable infraction aux yeux du grand public, a déclaré le cinéaste, cité par France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. Cela va permettre une libération de la parole encore plus importante et dans beaucoup de domaines. » Le film a déjà été vu par près de 500 000 personnes.
Pour Frédéric Martel, auteur d’une enquête fouillée sur l’homosexualité au sein du Vatican, Sodoma (Robert Laffont, 638 p., 23 euros), l’attitude de Philippe Barbarin jusqu’à ce 7 mars, marque « la quintessence de l’hypocrisie du catholicisme français ». Très engagé contre le mariage gay, défilant au bras de Frigide Barjot dans La Manif pour tous, alors qu’il est censé représenter un clergé intellectuel qui a lu Green, Maritain, Mauriac, « il manifeste au nom de la protection de l’enfant et de la famille tout en ayant couvert la pédophilie pour protéger l’institution ». Le second reproche qu’il lui adresse est d’avoir, en République, fait primer la Bible sur le droit français. Dans un monde clos où les condamnations sont rares et les démissions plus encore, l’événement survenu jeudi lui paraît « d’une portée majeure ».
Cette démission apparaît comme « logique » aux yeux de la rapporteuse de la mission d’information sénatoriale sur la pédocriminalité, Marie Mercier (LR, Saône-et-Loire), qui doit rendre son rapport fin avril. Elle se dit surprise par l’ampleur de tout ce que la mission est en train de mettre au jour lors de ses auditions, dans tous les secteurs. La sénatrice se montre cependant attentive à l’effort de réflexion de l’Eglise. « La pédophilie, est-ce un péché ou crime ? », a-t-elle demandé de façon abrupte à plusieurs ecclésiastiques. « Ils m’ont tous répondu sans hésiter, c’est un crime », observe-t-elle.
Il est certain que la justice a franchi une étape décisive ce 7 mars, secouant plus encore l’institution religieuse, déjà mise à mal par une crise des vocations sans précédent. Juste avant le sommet mondial qui a réuni au Vatican, du 21 au 24 février, 190 hauts responsables de l’Eglise catholique pour un sommet sur les abus sexuels, Mgr Georges Pontier avait déclaré au Journal du dimanche : « Il existe une vénération de l’Eglise qui est malsaine et peut empêcher la libération de la parole. »On n’en est plus là. « Les victimes n’ont pas besoin de repentance permanente si les actes ne suivent pas », avait ajouté le président de la CEF, à juste titre.
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https:lemonde.fr/societe/article/2019/03/08/la-condamnation-du-cardinal-barbarin-une-onde-de-choc-dans-l-eglise_5433181_3224.html